Le philosophe est jugé en appel pour avoir assimilé le cinéaste israélien Eyal Sivan à l'un des acteurs de "l'antisémitisme juif" actuel. L'écrivain Bernard-Henri Lévy a témoigné mercredi 14 février en faveur du philosophe Alain Finkielkraut, poursuivi en diffamation devant la cour d'appel de Paris par le cinéaste israélien Eyal Sivan qu'il avait assimilé à l'un des acteurs de "l'antisémitisme juif" actuel.
Dans un entretien diffusé le 30 juin 2003 sur la Radio de la communauté juive (RCJ), à la suite de la diffusion sur Arte du film intitulé "Route 181, fragments d'un voyage en Palestine-Israël", le philosophe avait affirmé qu'Eyal Sivan, coréalisateur de cette oeuvre, était "l'un des acteurs de cette réalité particulièrement pénible, particulièrement effrayante, l'antisémitisme juif qui sévit aujourd'hui". Le philosophe reprochait notamment au réalisateur d'avoir effectué dans son film un rapprochement entre le traitement infligé par Israël aux Palestiniens et la Shoah. Devant la 11e chambre de la cour d'appel, Bernard-Henri Lévy a tenu à exprimer son "entière solidarité, tant dans l'esprit que dans la lettre, avec les propos qu'a tenus Alain Finkielkraut", affirmant ne pas comprendre "que l'on puisse parler de diffamation".
Violence des termes
"J'aurais pu prononcer ces propos parce que si on considère la forme concrète que prend aujourd'hui l'antisémitisme, on peut dire que le film d'Eyal Sivan est antisémite", a ajouté Bernard-Henri Lévy. De son côté, Eyal Sivan avait notamment fait citer comme témoin Sylvie Jézéquel, ex-directrice de l'unité de programmes Europe-Société-géopolitique d'Arte, qui avait programmé le film. Cette dernière a dit avoir été "impressionnée par la violence des termes" utilisés par Alain Finkielkraut, "des mots avec lesquels on ne joue pas". "On peut ne pas aimer ce film et pas pour autant qualifier son auteur d'assassin antisémite", a-t-elle dit. En première instance, Alain Finkielkraut avait été relaxé par la 17e chambre du tribunal correctionnel, cette dernière estimant que le prévenu n'avait imputé "à la partie civile que des attitudes intellectuelles et, ce faisant (ndlr: ne lui avait jamais imputé) un fait précis dont la vérité pourrait être prouvée". En appel, seuls les intérêts civils sont en débat, ni le parquet, ni le prévenu n'ayant fait appel de la décision de première instance. Le procès se poursuivait mercredi en début d'après-midi.