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Route 181 by Florence Mirti (La Vie)

20.11.2003

Le scénario a été écrit le 29 novembre 1947, le jour où l’assemblée générale des Nations unies a voté la résolution 181 instaurant la partition de la Palestine en un État juif (56 %) et un État arabe (43%). Un scénario qui a donné naissance à cet acte de foi cinématographique que nous offrent ce soir deux cinéastes, l’un israélien, enfant de Haïfa, l’autre palestinien, de Nazareth.

Parce qu’il voit dans ce partage de la Palestine la source du conflit actuel, parce qu’il ne peut plus se balader dans son pays “sans avoir l’impression d’être là sur le dos de quelqu’un”, Eyal Sivan l’Israélien a eu l’idée de convier Michel Khleifi le Palestinien à un voyage initiatique dans leur pays, Palestine-Israël, à la recherche d’une paix possible et d’une vie ensemble. Pendant deux mois, au cours de l’été 2002, en quête d’acteurs à écouter, de vestiges à interroger, de frontières à revérifier, l’Israélien et le Palestinien, à bord d’une camionnette, une carte très détaillée en bonne place, ont arpenté ce pays disputé. Dénommée 181 en référence au numéro de la fameuse résolution de l’Onu, “cette route virtuelle que nous avons choisi de suivre au-delà des idées préétablies nous permettait de filmer les hommes et les femmes, les lieux, les histoires et les géographies, une somme de choses non encore dévoilées”. Au hasard de leurs rencontres, ils ont croisé tous ces oubliés, ceux “au nom de qui les guerres se font” : immigrants d’Éthiopie désorientés, accueillis dans un centre d’intégration israélien, Palestiniens “balayés” afin de créer une continuité territoriale juive. Maisons rasées, arbres arrachés, long travelling sur la muraille de barbelés (à un million d’euros le km qui fait le bonheur de cet entrepreneur israélien), lieux hébraïsés, colonies qui grignotent les terres palestiniennes, implantations dans la bande de Gaza, là où il y a les points d’eau... autant de choses vues, de rencontres et de témoignages d’où surgit le pathétique ordinaire de vies quotidiennes, chacun évoquant les frontières qui se sont construites dans les esprits. Lors du tournage, l’an dernier, Michel, le Palestinien avait déclaré à notre journal : “Eyal et moi travaillons à démentir la fiction de la “séparation”, du chacun chez soi... Il nous faut montrer l’unité de destin qui englobe, à leur corps défendant, Palestiniens et Israéliens.”

Un film abouti, un défi documentaire réussi.

Florence Mirti