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Jérusalem : un bien curieux hommage… by Lise Benkemoun (Actualité Juive)

18.05.1995

C'est une soirée intéressante mais curieuse que nous propose Arte le 25 mai prochain. Intitulée Jérusalem, Jérusalems, regards sur une ville, elle ne montre finalement que peu d'aspects différents de la ville, et l'objectivité de la programmation peut largement être remise en cause. Tout d'abord, en grande majorité dans les films projetés ce soir-là seule la vielle ville, la Jérusalem des trois religions apparaît. Comme si cette capitale n'était habitée que par des pèlerins, des juifs hassid et des palestiniens ! Pas de traces des autres Israéliens qui la peuplent... et surtout pas, bien sûr, de Juifs ! La soirée est néanmoins annoncée comme proposée par le cinéaste israélien Eyal Sivan, mais un seul des films programmés est de lui : Jérusalems, Ie syndrome borderline. Partant des délires messianiques qui chaque année atteignent certains touristes se rendant à Jérusalem, il a tourné un film entre fiction et réalité aux nombreuses scènes agréables à regarder mais au parti pour le moins spécial. Faisant référence aux paroles du prophète Isaïe : "Comment est devenue prostituée, la cité fidèle, abri de voleurs et d'assassins ?" le réalisateur a décidé de constamment représenter la ville sainte par une prostituée, grasse et dénudée aux seins peints de couleur or. Une métaphore difficile à avaler pour beaucoup de spectateurs... D'autant plus qu'aucun autre film ne viendra contrebalancer cette vision ! Cantique des pierres, le second long-métrage de cette soirée, réalisé par Michel Khleifi est consacré quant à lui à l'Intifada. Ce film belgo-palestinien relate l'histoire de deux amants, sur fond de conflit dans les territoires. De nombreuses images, à Gaza par exemple, sont tournées comme un documentaire, et cela peut prêter à confusion... Le héros a été emprisonné dans les geôles israéliennes, il parle de grève de la faim, et de pressions physiques pendant que les autres racontent leurs malheurs : "Cet Etat assassine des enfants" ; "L'Intifada continuera jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée" ; "Nous voulons Arafat, vive l'OLP". Même les enfants interrogés dans la rue sont là pour parIer des différentes sortes de balles et pour expliquer les blessures qu'occasionnent les pierres sur leurs ennemis : les soldats israéliens. Sélectionné au festival de Cannes en 1990, ce film avait suscité des réactions diverses : témoignage accablant pour les uns, pur produit de propagande pour les autres, au spectateur d'en juger.
Quant aux deux autres films, des courts-métrages, cette fois-ci, le premier : Un mur dans la ville date de 1982 et cela se sent. Il relate l'école buissonnière de deux enfants israéliens perdus dans la partie arabe de Jérusalem. Aujourd'hui, le danger serait encore plus réel qu'il ne l'était à une époque où l'Intifada n'avait pas encore commencé... Quant au second : Urshalaym, rythme d'une cité lointaine, il n'apporte pas grand-chose, et ne fait que montrer des images que l'on a déjà vues. Ne reste que le témoignage de Chochana Boukhobza (5 min) et la soirée est bouclée laissant son spectateur furieux ou sur sa faim… Dommage !