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À propos de "Jérusalem, Jérusalems: Regards sur une ville" et de "Jérusalem, le syndrome borderline by Antoine Perraud (Télérama)

17.05.1995

Arte propose une seconde soirée thématique sur Jérusalem, confiée à Eyal Sivan, jeune réalisateur israélien, "exilé" en France, l'ensemble est Iconoclaste. Tout commence bien avec Un mur dans la ville, qui transgresse tendrement ces frontières mentales qui séparent les Juifs des Arabes, dans cette ville aux coudoiements tendus et parfois délirants, où la fièvre obsidionale des uns répond à la rage gémissante des autres. Le reste de la soirée, hélas, procède d'un parti pris allant à l'encontre de l'art. Nous sommes loin du mystère et de l'alchimie qui nimbent les films pourtant "militants" d'un Armand Gatti (sur la Corée ou l'Ulster).
 A.P.
Jérusalem, le syndrome borderline
Documentaire-fiction, franco-Israélien d'Eyal Sivan (1994). VO. Avec Dan Dulberger, Amalia Sana, Izak Konfino, Shay Laufer.
La thèse est à la fois profane et profanatrice : à Jérusalem, chacun voit le temple à sa porte. Et la ville apparaît comme le siège de toutes les névroses, sous couvert de religions révélées. Bien vu, ma foi, mais fort mal restitué, Eyal Sivan traque Ies gestes fétichistes, pavloviens, des croyants de tout poil avec une prédilection saumâtre pour les juifs orthodoxes, qui le lui rendent bien (on lui crache dessus dans le quartier de Mea Sharim), le réalisateur, pour nous mettre les yeux dans deux ou trois choses qu'il sait de la ville dite sainte, nous secoue dans un "shaker" sans jamais nous permettre de goûter le cocktail achevé qui devrait en résulter. Sa caméra cahote au niveau du nombril, pour se frayer un chemin à travers des troupeaux de mahométans, des tribus d'Israël, des cliques de calotins... Ses cadrages incertains ne laissent guère sa chance au réel : ils l'embrigadent. Et de ce style torchonné émerge davantage l'index accusateur du réalisateur que son regard. Il noircit à plaisir. Dans un grand documentaire, des images superbes débouchent d'une approche hésitante, respectueuse. Ici, c'est tout le contraire. De cette méchante confusion, il ressort qu'Eyal Sivan a péché par une contenance hautaine et méprisante.