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Traverses : Israland by Marion Lévy (L'événement du jeudi)

07.11.1991

Ce pourrait être un chantier d'apparence banale, la terre mise à nu, les bulldozers creusant le sol, quelques cabanes en bois, et déjà deux ou trois énormes masses de béton qui s'élèvent. C'est à Rishon, à quelques kilomètres au sud de Tel-Aviv, sur le site en construction d'un futur Luna Park à l'américaine. C'est là que Eyal Sivan, réalisateur israélien mais vivant en France, a choisi de faire son film. Revenu en pleine guerre du Golfe, "rentrer à Tel-Aviv. dit-il, c'était une urgence" Sivan voulait réaliser un document sur ce qui lui semblait être, vu de France, la vie quotidienne d'un pays en pleine guerre, les sirènes, les masques à gaz, le couvre-feu, l'angoisse des attaques et la crainte des missiles Scud lancés en pleine nuit. Alors qu'il cherche un lieu pour planter l'œil de sa caméra, Sivan rencontre un de ses amis, un Allemand converti au judaïsme, un architecte devenu israélien, et qui a conçu sur cette terre de Rishon un parc d'attractions, "une métaphore surréaliste sur Israël, une enclave occidentale au cœur du Moyen-Orient", explique Sivan pour justifier son choix de filmer le chantier. lsraland, un espace de boue et de dunes, où travaillent sans se parler ouvriers palestiniens et ouvriers israéliens. Pendant près d'une heure, ils vont dire la guerre, la peur, mais aussi la haine. Ils vont parler d'un conflit, né il y a cent ans, avec l'arrivée en Palestine des premiers juifs d'Europe, et d'un dialogue qui paraît impossible sur cette terre minuscule devenue depuis quarante-trois ans un champ de bataille. Ce documentaire n'ajoutera pas sa pierre à l'édification de la paix entre Israéliens et Palestiniens. Il est malheureusement le reflet des aberrations que les fanatiques nationalistes et religieux se forcent à ne pas oublier.