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FIPA et actualité se télescopent à Cannes (Libération)

26.01.1991

Au IVe Festival international des programmes audiovisuels, du 10 au 15 janvier, les films venus d'URSS, d'Israël ou d'Iran avalent une curieuse résonance avec l'histoire en marche.
... Que faut-il penser aujourd'hui même, quand un jeune cinéaste israélien de 26 ans, Eyal Sivan, se permet d'accuser son pays de « dictature de la mémoire » ? Que c'est un acte « courageux », a décidé le jury, lui décernant un simple accessit « parce que le film, un peu trop long, n'est pas complètement abouti ». Filmant dans les lycées où il a lui-même été éduqué et dans une famille d'origine marocaine dont les parents sont arrivés en Israël au début des années soixante, Eyal Sivan a travaillé à partir de ses souvenirs personnels d'écolier israélien qui reçoit des leçons incessantes sur la Shoah, le sionisme, la Bible. Avec, en point d'orgue, « le souvenir le plus fort » du mois d'avril qu'il a suivi, celui de toutes les cérémonies et avant tout d'Izkor (Souviens-toi), le texte que tous les jeunes d'Israël doivent lire et qui ordonne à tous de ne pas oublier. « Sommes-nous libres ou bien esclaves de la mémoire », c'est la question que pose Eyal Sivan dans son film, et qu'il pose au professeur Leibovitz, qui enseigne la pensée juive, la philosophie et la médecine à l'Université hébraïque de Jérusalem. « On utilise cette mémoire pour détourner notre penrée des vraies questions », répond l'ancien « Où allons-nous ? », interroge encore le jeune Sivan. « Vers la destruction d'Israël, si nous continuons. Le mot décisif est "si". Si nous continuons ainsi »... « La lecture du film sera différente selon qu'Israël sera attaqué par l'Irak ou attaquera », commentait Pierre-André Boutang quatre jours avant que le premier missile Scud n'ait atteint le sol israélien... Le 11 mars, PAB diffusera Izkor, produit par IMA -et entre autres la ZDF-, « avec un vrai débat sérieux pour suivre ».