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Au bord du Jourdain, les réfugiés (La Vie)

01.06.1995

Aqabat Jaber c'était, dans les années 50, le plus grand camp de réfugiés palestiniens, "habité" par 3000 personnes. Il représentait une solution temporaire. En 1967, la guerre entre Israël et les pays arabes pousse ces réfugiés à l'abandonner pour fuir vers l'autre rive du Jourdain. Vingt ans plus tard, EyaI Sivan, cinéaste israélien, y tourne son premier documentaire, Aqabat Jaber, vie de passage. A l'époque, les Palestiniens revendiquent simplement leur statut de réfugiés. Quand il y retourne, en septembre 1993, il retrouve presque tous les personnages de son film. Mais leur discours a pris un ton plus politique : il n'y a pas de paix sans retour sur les terres de leurs ancêtres. Abu Farah, assis devant sa cabane, affaibli par les règlements de comptes qui ont touché sa famille, souhaite reconstruire sa vie. Eiline revendique à travers son nom, EiIine de Safria, le village de ses grands-parents. Abu Chlon a perdu tout espoir de retour. Khayat espère une amélioration de ses conditions de vie. Shadia, la jeune fille islamiste, établit un étonnant parallèle entre les Israéliens, réfugiés venus d'Europe et de Russie. et les Palestiniens chassés à leur tour. La paix est-elle encore possible ? Y aura-t-il un retour symbolique ? Par-delà les témoignages sobres poignants, du film d'Eyal Sivan, se dessine l'histoire de ces populations déplacées qui sont au centre des conflits de notre siècle.
F. M.