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La route sera longue...” by Philippe Clanché (Témoignage chrétien)

28 .10.2004

Remontant l’ancienne frontière de 1948 entre Israël et Palestine, deux cinéastes ont donné la parole à la population.
La route sera longue...
Emile Shoufani, le curé melkite de Nazareth, l’affirme. Même si demain les chefs israéliens et palestiniens parviennent à la paix, rien ne sera réglé. Car, els peuples s’ignorent trop pour réussir le pari d’un avenir serein côte à côte. De fait, on entend peu, en France, ces milliers d’Israéliens et de Palestiniens qui, loin des palais où leur avenir tarde à se décider, vivent au quotidien la situation que l’on connaît. Deux réalisateurs, le Palestiniens Michel Khleifi et l’Israélien Eyal Sivan, ont choisi de donner la parole à la base, en remontant, caméra au poing, une voie symbolique : la route 181. Cet axe représente la frontière proposée en 1948 par la résolution 181 de l’ONU, divisant l’ancienne Palestine. “Cette frontière qui n’a jamais vu le jour”, comme l’expliquent les deux cinéastes au début de leur film.
Du Sud au Nord, du port d’Ashdod aux portes du Liban, les deux hommes questionnent celles et ceux qui croisent leur route. Sans commentaires. Jeunes et vieux, juifs et musulmans racontent leur vie, celle d’hier, leur regard sur le voisin, leurs espoirs,... Des propos souvent sans pitié pour l’autre camp : “Chrétiens ou musulmans, personne n’aime les juifs” ou “je n’ai plus d’amis juifs”. Une femme juive avoue bavarder avec sa voisine musulmane, mais guère plus : “On ne va pas boire un verre ensemble, on n’est pas de la même religion.”
Le passé ressurgit vite. Un octogénaire arabe raconte, sans un brin d’émotion et sans omettre aucun détail, le massacre perpétré dans son village en 1948 : “Les juifs ont attaqué une mosquée. Je n’ai pu sortir les cadavres que quinze jours après.” Un colon juif affirme avoir la conscience tranquille car “avant, il n’y avait aucune civilisation, ici”. Accusateurs souvent, fatalistes presque toujours, les propos des uns et des autres laissent peu entrevoir des lendemains meilleurs. “On ne prend pas le chemin de la paix” dit une femme. Quelques scènes d’espoir émaillent cependant les 4h30 du documentaire. Après une séance houleuse du conseil municipal, le maire de Lod s’écrit avec lucidité : “Cette ville a besoin que les rapports entre juifs et arabes soient bons.” La scène suivante montre une manifestation animée par des Juifs dénonçant la condition des Palestiniens. Mais ils ne sont guère nombreux derrière la banderole “Unis contre le racisme”. Khleifi et Sivan auraient aimé proposer un reflet plus optimiste des deux peuples. Leur documentaire présente simplement une réalité avec laquelle il faut composer.