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Découper la région en deux Etats est un leurre (Le Matin, Switzerland)

28 .11.2003

Le premier est Israélien, le second Palestinien. Ensemble, Eyal Sivan, 39 ans, et Michel KhIeifi, 53 ans, ont parcouru leur pays du sud au nord pendant l’été 2002. Filmant la population au hasard des rencontres, ils en ont tiré un documentaire intitulé “Route 181” ; 181 comme la résolution de l’ONU qui, en 1947, devait partager la Palestine en deux Etats. Croyant à un Etat binational et laïc, ils s’opposent à l’Initiative de Genève... mais saluent son existence. Rencontre.

- Que représente cette ligne de partage virtuelle entre les deux Etats ? Eyal Sivan. - La ligne de 1947 est une blessure fondatrice. La décision arbitraire de l’ONU a aggravé la situation sur place. Découper la Palestine, c’est découper une réalité binationale, biconfessionnelle. Ça ne peut pas marcher.

- C’est pourtant ce que propose l’initiative de Genève...
- L’intérêt de l’initiative, c’est de faire sortir la situation de l’impasse où elle se trouve. C’est une base pour faire la paix, parce que cela va recréer des oppositions dans la société israélienne. Depuis quelques années, Israël vit comme un bloc uni. Mais l’initiative de Genève restera lettre morte si deux conditions ne sont pas remplies : les accords devront être garantis par une force internationale, et il faudra enfin dire la vérité sur les discriminations dont sont victimes les Arabes, renoncer aux mensonges et aux non-dits. Il faudra, enfin, sortir du sionisme pour construire une démocratie laïque. La question fondamentale, c’est que deux Etats ethniquement purs conduiraient à une catastrophe. La séparation est un leurre.

Michel KhIeifi. - L’Europe doit s’impliquer, y compris militairement. Après tout, elle porte une lourde responsabilité : à travers l’ONU, elle a contribué à balafrer un petit pays. Et les Juifs ont été chassés d’Europe... Elle doit aider ces deux sociétés à rester ensemble.

- La réconciliation est-elIe encore possible ? M. K. - Il y a toujours de l’espoir. Vous voyez, nous sommes un Israélien et un Palestinien, et nous réalisons des films ensemble... Cela aurait été impossible il y a quelques années. La haine est une construction mentale. Mais nous ne disons pas que les gens doivent s’aimer ! Nous disons simplement qu’il doit y avoir une loi, la même pour tous, et qu’il faut la faire respecter.

F.J.

“Route 787, fragments d’un voyage en Palestine-Israël” Dès aujourd’hui à Genève, au CAC Voltaire. Dès mercredi à Lausanne, Cinéma 8ellevaux.