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Aqabat Jaber, Paix sans retour ? by Roman Pons-Prades (Télé K7)

01.06.1995

En Cisjordanie, dans la vallée du Jourdain, à trois kilomètres de l'oasis de Jéricho et de la mer Morte, Aqabat Jaber était, ou début des années 50, le plus grand camp de réfugiés palestiniens construit et administré par les Nations Unis. La plupart des 65 000 réfugiés du camp venaient de villages du centre de la Palestine détruit lors de la création d'Israël, en 1948. En 1994, après la signature des accords israélo-palestinien et la mise en place de l'autonomie palestinienne, Eyal Sivan est retourné dons le premier camp de réfugiés à se trouver sous le régime autonome palestinien. Eyal Sivan, réalisateur israélien, avait découvert Aqabat Jaber en 1982 alors qu'il était photographe de mode. A l'inverse d'Olivero Toscani, le photographe de Benetton, qui a réalisé son catalogue de mode avec des Palestiniens, Eyal Sivan ne pensait qu'au décor du camp, lorsqu'à sa grande surprise il découvrit des réfugiés. Il y reviendra en 1987, quelques mois avant l'Intifada, pour tourner Aqabat Jaber, vie de passage ? Huit années ont passé, il y est retourné. "Ce qui m'a frappé, explique le réalisateur, c'est la prolifération des constructions. La génération de 48 se résigne tout en alimentant sa nostalgie, tandis que les enfants de l'Intifada, nés à Aqabat Jaber, sont très offensifs. Plus que leurs parents ou grands parents, ils se sentent des réfugiés même s'ils ne sont plus sous occupation. Le mot le plus courant dans la bouche des habitants du camp, c'est El Awda, qui veut dire le retour. Mais la conception palestinienne du "droit au retour" se heurte à la vision israélienne de la "loi du retour". C'est le problème principal du conflit israélo-palestinien, avec le "statut de Jérusalem". Le mercredi 17 mai 1995 à l'ONU, le texte du Conseil de sécurité qui voulait condamner la confiscation israélienne des terres palestiniennes à Jérusalem Est a été rejeté par les Etats-Unis qui usaient de leur droit de veto. Le 23 mai Israël suspend sa décision de saisir les terres de Jérusalem Est. Le statut de réfugié concerne aujourd'hui trois millions de palestiniens.